Les troubles alimentaires et leur impact sur l'efficacité de la chirurgie de l'obésité
La chirurgie bariatrique (sleeve gastrectomie, bypass gastrique, anneau gastrique, dérivation biliopancréatique) est une solution efficace pour traiter l’obésité sévère. Elle permet une perte de poids significative et durable, ainsi qu’une amélioration des comorbidités associées (diabète, hypertension, apnée du sommeil...).La réussite de cette intervention reste tout de même dépendante du comportement alimentaire du patient. Les troubles du comportement alimentaire (TCA) peuvent altérer l’efficacité de la chirurgie et compromettre les résultats à long terme. Découvrez les principaux troubles alimentaires rencontrés chez les patients obèses et leurs répercussions après une chirurgie de l’obésité.
Qu’est-ce qu’un trouble du comportement alimentaire ?
Une définition générale
Les troubles du comportement alimentaire (TCA) regroupent un ensemble de comportements alimentaires inadaptés et récurrents, pouvant avoir des conséquences sur la santé physique et mentale. Ils sont souvent liés à une souffrance psychologique et à une mauvaise relation avec la nourriture. Ces troubles sont fréquents chez les patients souffrant d’obésité.
Les formes les plus fréquentes chez les patients bariatriques
Chez les patients candidats à la chirurgie de l’obésité, plusieurs formes de TCA peuvent être observées :
- L’hyperphagie boulimique : épisodes de consommation excessive d’aliments, sans vomissements compensatoires.
- Le grignotage compulsif : ingestion répétée de petites quantités d’aliments sans sensation de faim.
- L’alimentation émotionnelle : tendance à manger en réponse à des émotions (stress, tristesse, ennui…).
- La restriction cognitive excessive : contrôle rigide de l’alimentation, souvent suivi de phases de perte de contrôle.
Ces comportements peuvent persister, voire s’aggraver, après l’intervention si un accompagnement adapté n’est pas mis en place.

Pourquoi les TCA impactent-ils l'efficacité de la chirurgie bariatrique ?
Risque de reprise de poids
La chirurgie réduit la capacité de l’estomac ou modifie le circuit digestif, mais elle ne traite pas à elle seule les causes psychologiques des comportements alimentaires désordonnés. Si les TCA persistent après l’opération, le patient peut trouver des moyens de contourner les effets restrictifs de la chirurgie :
- Consommer des aliments liquides ou très caloriques, faciles à digérer,
- Grignoter tout au long de la journée,
- Manger rapidement ou sans écouter les signaux de satiété.
Ces comportements peuvent ralentir la perte de poids, entraîner un plateau précoce, voire conduire à une reprise pondérale après quelques années.
Risque de complications digestives
Manger de manière inadaptée après une chirurgie peut aussi provoquer des troubles digestifs : douleurs abdominales, vomissements, dumping syndrome, intolérances alimentaires... Ces complications réduisent la qualité de vie et peuvent décourager le patient à poursuivre ses efforts.
Impact sur la santé mentale
Lorsque la perte de poids escomptée n’est pas atteinte ou n’est pas durable, le patient peut ressentir un échec. Ce sentiment, associé à la culpabilité liée aux troubles alimentaires, peut aggraver l’estime de soi et augmenter le risque de troubles anxieux ou dépressifs. Il peut également conduire à une dégradation de la relation avec les soignants, voire à une rupture du suivi médical.
Comment identifier les troubles alimentaires avant et après l’opération ?
Un dépistage pré-opératoire essentiel
L’évaluation psychologique fait partie intégrante de la préparation à la chirurgie de l’obésité. Elle permet d’identifier la présence de troubles alimentaires, de comprendre leur origine et d’anticiper les difficultés post-opératoires. Cette étape est indispensable pour poser un diagnostic et proposer un accompagnement adapté.
Une surveillance continue après la chirurgie
Le suivi post-opératoire ne doit pas se limiter aux aspects médicaux ou nutritionnels. Un entretien régulier avec un psychologue ou un psychiatre spécialisé permet de repérer rapidement une éventuelle rechute ou l’apparition de nouveaux troubles, et d’intervenir précocement pour limiter leur impact.
Quelles sont les solutions pour accompagner les patients atteints de TCA ?
Une prise en charge pluridisciplinaire
La réussite de la chirurgie repose sur une prise en charge globale, qui inclut :
- Le chirurgien pour assurer le bon déroulement de l’intervention et du suivi médical,
- Le diététicien pour adapter l’alimentation aux nouvelles capacités digestives,
- Le psychologue pour aider à identifier les mécanismes émotionnels à l’origine des troubles alimentaires,
- Le médecin généraliste ou psychiatre, si un traitement médicamenteux est nécessaire en cas de trouble sévère.
Ce travail d’équipe permet d’accompagner le patient sur le long terme et d’augmenter ses chances de succès.
Thérapies cognitivo-comportementales (TCC)
Les TCC sont particulièrement efficaces pour traiter les TCA. Elles permettent de :
- Prendre conscience des déclencheurs émotionnels ou situationnels,
- Modifier les pensées négatives liées à l’image corporelle,
- Mettre en place des comportements plus adaptés et durables.
Ces thérapies peuvent être engagées avant l’intervention, mais aussi après, en cas de difficulté persistante.
Groupes de soutien et ateliers thérapeutiques
Participer à des groupes de parole ou des ateliers encadrés par des professionnels de santé peut aider le patient à se sentir soutenu et moins seul dans son parcours. Le partage d’expériences, dans un cadre bienveillant, favorise l’adhésion au traitement et renforce la motivation.
Que peut-on attendre d’une chirurgie de l’obésité chez un patient avec des TCA ?
Des résultats positifs... à condition d’un accompagnement adapté
Les patients souffrant de TCA peuvent tout à fait bénéficier de la chirurgie bariatrique, à condition que les troubles soient identifiés, pris en charge et suivis. Une approche individualisée et centrée sur le comportement permet de limiter les risques de complications, de stabiliser les apports alimentaires et d’optimiser les résultats sur le long terme.
Conclusion
Les troubles du comportement alimentaire peuvent nuire à l’efficacité de la chirurgie de l’obésité s’ils ne sont pas détectés et pris en charge correctement. La réussite d’une intervention bariatrique repose sur une transformation globale, qui ne se limite pas à la modification anatomique mais implique aussi un travail sur les habitudes alimentaires, les émotions et la relation au corps.
Le dépistage précoce des TCA, un suivi psychologique régulier et une prise en charge pluridisciplinaire sont les clés pour garantir une perte de poids durable, une amélioration de la qualité de vie et une meilleure santé mentale. La chirurgie bariatrique est un outil puissant, mais elle doit s’inscrire dans un parcours de soins global, adapté à chaque patient et à ses spécificités comportementales.









